Au delà des brumes...

Nombre de messages : 6 Age : 36 Date d'inscription : 20/09/2007

Au loin surgissait dans le vaste horizon, un nuage de poussière qui s'élevait jusqu'à la cime des arbres, la terre retournée était fouettée par d'impétueux sabots qui foulaient le sol en trois temps puis le quittaient une demi seconde pour la phase de projection. Vitesse régulière, temps radieux bien qu'un cumulo nimbus fort inquiétant pointait le bout de sa brume de vapeur condensée à quelques lieux d'ici.

Le mustang était cornard, Syriana le remit au pas afin qu'il reprenne son souffle. S'envoler pour continuer sa route ne l'enchantait guère. Avec toute cette poussière soulevée, on se serait cru à Taos...ce territoire qu'elle avait jadis fréquenté et parcourut si souvent, dont la mission qui lui était dévolue était surtout de le protéger de la souillure. Elle n'avait pas rendu les armes, elle s'était juste tournée vers un autre combat, celui auquel elle aspirait depuis fort longtemps et qu'elle menait en réalité déjà inconsciemment auprès des SAND, à savoir ramener la foi et la préserver au sein des êtres de ce monde, au prix de la vie de certains hérétiques qui se trouvaient malencontreusement sur le mauvais chemin, celui de la déviance et de la perdition.

Pied à terre. Une légère brise, annonciatrice de l'orage à venir, vint caresser la peau veloutée de l'angèle, se jouant indolemment des efforts que Syriana avait fait pour tenir sa chevelure en place. Et pourtant, de longs filaments dorés s'échappaient et glissaient le long de la courbe de ses reins. Des cheveux d'ange que le vent embrassait dans sa fuite.

La herse traversée, Syriana vit que le portique accolé à l'aile ouest de la bâtisse était entrouvert. Non sans une légère appréhension à l'idée de ce qu'elle risquait d'y découvrir, elle s'y engagea. Pénombre, les rayons de l'astre lumineux peinaient à illuminer la pièce. Un craquement sinistre résonna en écho contre les murs, Syriana venait de piétiner quelque chose d'étrange. Elle adapta sa vision féline puisque du sang de tigre coulait dans ses veines, et aperçut l'objet du délit. Un petit jouet prenant vraisemblablement l'apparence et la forme d'un canard en bois peint en jaune lui apparut, provoquant chez l'angèle un haussement de sourcil.

Elle poursuivit dans les couloirs et arriva dans un hall qui semblait en fait être le point de contrôle des portes de la citadelle.
Murmurant pour elle même.

- J'arrive toujours quand la messe est dite.
Fichtre, où sont ils donc tous passés ?

C'était probablement les Vêpres, inutile de déranger plus longtemps l'instant de prière. Elle fit le signe de croix, tout de même...
Se reprenant, l'air pensif.

- Mum, forte présence d'anges mâles dans ces lieux. Il serait de bon ton qu'une angèle adoucisse quelque peu les hargnes de ces locataires extremistes.

Syriana dégaina de son fourreau sa fidèle épée et se mira dans la lame fraichement nettoyée ... et désinfectée. Non, elle n'était pas semblable à du Ripolain ©, ni même...à quoique ce soit d'autre qui puisse lui être désobligeant.

Ainsi, l'angèle patientait...

Elle souriait dans l'ombre, se remémorant l'évangile:"De même, je vous le dis: Il y a de la joie chez les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit."

Convertissez vous avant que la lame de l'Opus ne vienne trancher l'hérétique !

Un léger rire cristallin se répandit contre les vieilles pierres brutes.

Cette Angèle.
Ce visage parfait. Cette chevelure dorée.
Oui, il l’avait déjà aperçue au sein de l’Assemblée Céleste.
Elle avait été remarquée par sa verve et sa volonté hors normes. L’Archange du Septième Sceau avait vu en elle un Ange véritable.
Coïncidence ou signe du destin ? Elle était aux abords de la citadelle de l’Opus Deï.
Une chaleur toute particulière émanait d’elle et une étrange sensation envahissait Don Pedro à sa seule vue.

Les traits moins tendus qu’à l’accoutumée, il épousseta sa toge et s’approcha d’elle.

Syriana.

Une fois son attention captée, il continua.

Vous savoir ici est une agréable nouvelle.
Que puis-je faire pour vous aider ?

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Perdue dans ses pensées, l'angèle perçut une aura puissante se diriger dans sa direction. Elle n'était plus seule, la lumière venait éclairer l'obscurité dans laquelle elle barbotait. Instinctivement, Syriana baissa les yeux vers le sol constellé de petites dalles marbrées. Elle ne releva le visage que lorsque l'Archange prononca son nom. Ainsi, il le connaissait.
Elle put donc apprécier avec un enchantement peu dissimulé la blancheur irradiante de ses ailes titanesques.

Le simple fait de s'approcher d'elle, dans sa toge immaculée, poussa l'angèle à s'agenouiller à ses pieds, n'allant tout de même pas jusqu'à les baiser, faut pas pousser non plus, puis se releva prestemment afin de répondre à ses questions.

Le regard dur, puis s'adoucissant au fur et à mesure qu'elle contemplait les traits de Don Pedro, elle lui répondit en ces termes:

- Vous voir ici rend cet accueil plus chaleureux. Que l'AA du Septième Sceau, dirigeant de l'Opus Deï de surcroît, daigne se déplacer pour l'ange que je suis, est surprenant mais néanmoins appréciable.

Sur un ton décidé et volontaire, bien qu'impressionnée par la posture de Don Pedro.

Je vais être claire sur les motifs de ma venue, je souhaite intégrer l'Opus Deï. Je ne sais si j'en ai réellement les capacités, mais il est certain que j'en ai la volonté. J'ai été guidée en ces lieux, oh Archange, vous qui êtes Son intermédiaire, puis je seulement mériter mon admission ?

Devant la scène qui venait de se dérouler sous ses yeux, l’Archange resta impassible. Il attendit patiemment qu’elle ait terminé pour laisser échapper un sourire.

Ses ailes immémoriales aux dimensions titanesques se replient pour rester placidement dans son dos.
Dans sa main droite apparaît brusquement un fourreau blanc dans lequel se trouve une lame au pommeau incrusté de pierres précieuses et qui semble suinter d’une douce mélopée au simple contact de la main de son propriétaire.
Emplie de vie, l’épée se met à vibrer violemment et il faut aux doigts de Don Pedro accroître leur emprise pour faire cesser ce chant mélancolique.

D’un geste vif, la lame est chassée de sa tanière et exposée à Syriana. La lumière émise par l’arme divine irradie alors l’ensemble du hall de la citadelle.

Vois Syriana.
Divine Anger, mon plus fidèle compagnon. Par lui, je terrasse les humains déviants et annihile toute trace d’hérésie sur leurs corps meurtris.

Entends-tu ce sifflement amer ? Il souhaite être abreuvé de sang souillé et corrompu.

Voici la dure réalité de l’Opus Deï. Nous devons saper jusqu’au plus petit germe d’hérésie dans cette humanité pourrie qui ne cesse de s’écarter chaque jour un peu plus du chemin de la lumière.

Penses-tu pouvoir prendre la vie et insuffler un vent purificateur sur Terre ?
As-tu la force pour ne point douter et suivre le bras glacé du Juge Divin ?

Si tel est le cas…

Des charniers naîtront dans des chants de louanges. Des brasiers verront jour dans de sourdes mélopées et le règne de l’Eternel surviendra pour les siècles des siècles.

Le regard noir ébène du gardien du Septième Sceau de Dieu se fit plus dur, attendant une réponse véritable et passionnée.

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Syriana observa avec intensité l'épée aux reflets moirés, incrustées de pierres précieuses jaillir de son fourreau, l'aveuglant momentanément, l'assourdissant un instant par le chant de la lame tranchante.

Divine Anger...

Elle reporta ensuite son regard en direction de l'Archange, restant impassible, mais tout son être vibrait au son des questions de Don Pedro.

- Archange, vous qui savez lire en chacun de nous, vous savez à quel point la piété et la Foi sont parties intégrantes de moi même.

La prière est un moment important de la vie de l'ange, et bien plus encore du moine. Ora e Labora, Prie et travaille. L'Eglise d'Alderria était un refuge pour moi, et j'ai décidé d'oeuvrer pour la SAND, cette faction pro angélique qui rassemblait des anges, des semi anges et des humains.
J'ai donc lutté pour garder et transmettre la Foi et notre croyance en Lui chez tous ces êtres que je cotoyais chaque jour dans la poussière des combats, ou dans le campement.

J'ai été si souvent proche des humains, bien plus que vous ne le pensiez, de ceux qui soutiennent notre Nation et travaillent pour Sa Gloire.
Aussi, quand je croise un hérétique, mon coeur se durcit et ma lame tranche. Le contact avec des démons me répugne tout autant. Je n'y fais aucune différence, la pitié est réservée aux faibles.

S'avançant de quelques pas en direction de Don Pedro.

Je souhaite vous rejoindre car j'ai enfin trouvé d'autres anges téméraires partageant ce même concept d'une Nation forte, vous, les moines de l'Opus Deï. Ainsi, j'aimerais croiser le fer sous la même bannière que la vôtre. Oeuvrer seule ne suffit pas, votre puissance est collective, une force guidée par un Archange, qui plus est, que j'admire pour ses idéaux et sa volonté, sa capacité à mener ses troupes au combat.

Enflammons les bûchers, il est enfin temps que les hérétiques endurcis craignent une Nation Angélique qui ne les tolère plus que sous la forme d'un amas de cendres....

Ses yeux brûlaient d’un feu chthonien et j’admirais en silence sa verve se déverser sur la forêt de dalles du Hall comme un brasier enflammant une sylve de pins secs.

Quelle Angèle…
Syriana.

Un nom à retenir, sans conteste.

Depuis notre première rencontre au cours d’une séance de l’Assemblée Céleste, je n’ai jamais douté de vos motivations.

Vous êtes la fine fleur d’un jardin en friche, la Nation Angélique.

Aidez moi à dépoussiérer ce vieux meuble et ensemble, purifions ciel et terre.

Il s’approcha de l’Angèle et caressa tendrement l’une de ses joues.

Pour la gloire de notre Nation.

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Syriana reprit bien plus confiance en elle encore, suite aux paroles de l'Archange. Quand ce dernier, messager de la Foi, gardien de l'espoir s'adressa à elle en des termes élogieux, elle sentit ses muscles se contracter sous la poussée d'adrénaline que son corps lui déversa.

Au contact du toucher de Don Pedro, sa peau frissonna comme une délicieuse brûlure glacée. Se laissant faire docilement, elle absorba les flux d'énergies et de lumière que l'Archange, par son toucher lui transmettait d'une certaine manière. Une seconde dura une éternité.
Elle osa alors lever les yeux vers son interlocuteur, se noyant ainsi dans les abîmes de ses iris noirs comme l'ébène. Toute trace de dureté semblait avoir disparue, au contraire de la minute précédente, quand ce dernier s'était enflammé lors de son discours, elle ne semblait voir à présent que de la douceur angélique qui caractérisait si bien les créatures divines.

Elle provoqua la rupture le temps d'une parole prononcée à mi voix.

- Le jeune pousse n'a besoin que d'eau pour grandir. Vous êtes celui qui l'abreuvera de combats et d'expérience, la plante a besoin de chaleur pour se développer, vous êtes celui qui réchauffera les êtres par la Foi, enflammera les buchers d'hérétiques, et gèlera à jamais dans la glace, ceux qui ne croient plus en Lui.

Combattre à vos côtés sera plus d'honneur encore que j'eus pu l'espérer un jour dans ma vie d'angèle. Vous incarnez la tempête de la Foi, tourbillon qui frappera tous ceux qui ne désireront pas s'y soumettre.

Et c'est ici que nous devons frapper.

D'un geste mesuré, elle posa sa main au niveau du coeur de Don Pedro.

[Dsl hier gros bug freebox cheers

, mon texte est à chié et je m'en excuse par avance]

Impassible, l’Archange regardait la main de Syriana venir s’accoler à son cœur.
Elle avait évité son Sceau qui, comme toujours, se trouvait à quelques centimètres de sa pépinière à sentiments.

La main de Don Pedro vint s’agréger à celle de l’Angèle et la fit légèrement ciller pour qu’elle puisse sentir le plus grand trésor du Maître de l’Opus Deï.
Pendu à un massif collier d’or, d’étranges formes picturales étaient visibles sur sa face et un dialecte inconnu dépeignait son beffroi.

Ses yeux retrouvèrent ceux de la belle.

Ceci est le Septième Sceau de Dieu, l’ultime rempart. Peu connaissent son existence et son véritable pouvoir dans l’équilibre de la balance terrestre.

Le Seigneur m’a confié sa garde lors de mon ascension.

Sais-tu quel est son rôle ?

Ses lèvres s’approchèrent délicatement de l’oreille de Syriana qu’elles frôlèrent sensuellement

Purifier la création dans sa globalité.

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Syriana, curieuse et avide de connaissances, ouvrit grand les yeux face à l'Archange quand celui ci lui prit la main, frôlant ainsi le Septième Sceau. La magie de la Foi s'opérait en elle, remontait toutes ses terminaisons nerveuses qui accentuaient le tactile et les reflexes de l'angèle. Et pourtant, elle retira vivement sa main de peur de commettre une infaillible erreur ou bien de se sentir coupable d'un acte qui ne lui était pas permis malgré l'accord de l'Archange. Jamais, elle n'avait réellement fréquenté un Archange mis à part Oromë il fut un temps, le temps où elle passait de longues journées au monastère des moines Kaï.

Elle avait d'ailleurs failli demander son intégration parmi eux car elle s'était rapprochée de la famille Kaï. Mais le temps à ses raisons que la raison n'explique pas. Elle était finalement partie vers d'autres horizons.

Revenant au présent, avant qu'elle ne s'égare dans les méandres de ses souvenirs, elle fixa intensément Don Pedro, perdue dans ses pensées, écoutant ce qu'il lui disait, l'observant en même temps. Ses yeux si noirs, ses ailes si blanches, et puis ce Sceau...qui magnifiait bien plus encore son porteur, et rappelait à la Foi les égarés, au Détenteur Originel.

Un souffle doux vint caresser la pointe de son oreille, quelques mèches de cheveux en profitèrent pour s'évader dans les airs puis retomber finement dans le creux du dos de l'angèle.
Syriana était comme tétanisée, tous ses sens en alerte, comme réactive à la moindre sensation quelqu'elle fut.

Profitant du rapprochement de l'Archange, le regard droit devant elle mais vague et perdu, elle murmura à mi voix:

- Apocalypse: « Et lorsque l'Agneau ouvrit le septième sceau, il se fit un silence dans le ciel, environ une demi-heure.

Et je vis les sept Anges qui se tiennent devant Dieu; on leur remit sept trompettes. »
"Les sept anges soufflent tour à tour dans leur trompette, et à chaque retentissement un fléau s'abat sur le monde."

Elle tourna légèrement son visage vers l'Archange, l'inquiètude se lisant dans ses yeux.